Vendredi 9 mars, 16h58. Rennes est en terrasse. Rue Vasselot, on marche au milieu de la rue. Signe de beaux jours. Appropriation de l'espace public. C'est fluide, léger, c'est sans inquiétude. Week-end et il paraît qu'il va faire beau, alors... Fermer la porte d'Endo pour la dernière fois au coeur d'une rue si vivante : grand moment de solitude. Peut-être impartageable. A déguster seule. Un truc qu'il faut prendre en pleine figure, seule.
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Vendredi 9 mars. Matin saisissant.
Paco. Gai comme un pinson. Paco, quoi. Coup d'oeil sur la vitrine, moins pinson et moins gai : " Là, y a de l'émotionnel "...
Cathy, voisine du côté Carmes, passe la tête : "Ouh, ça fait drôle...".
Gloupote fait grincer les freins de son vélo, for the last time, devant la boutique. Elle tient une petite forme. Je sais bien qu'elle voudrait prêter son épaule pour que je m'appuie deux minutes. Ce n'est pas grave de ne pas avoir assez de gnaque pour porter une marchande sans boutique, même deux minutes. A cette heure-là, je suis moins sur le départ que plus tard. Je ne suis pas encore dans le pour de vrai, donc on peut encore faire comme si ça allait bien. D'ailleurs, David préfère quand on rit dans son café.
Resto franc-comtois de Lulu. On se dit que, désormais, c'est pour de vrai. Samedi dernier, ça me semblait si loin, si impossible. Arrive le moment où c'est ... pour de vrai. On se souvient de nos projets, des débuts, de nos envies, de notre énergie, de l'idée tellement impossible de ne pas réussir, de cette incroyable lointaine idée qu'on pourrait échouer ! Et puis...c'est pour de vrai. Pour de vrai vous pendouille toujours au nez, ne jamais l'oublier...
Lulu, Leïla et moi, on a dit aussi combien c'était exceptionnel de s'être rencontrées ici, qu'on avait tellement ri ensemble, tellement été nous-mêmes. Marquées à vie... Ouahou. On a aussi dit plein de choses pas sérieuses mais précieuses, comme toujours.
Black - chien de Vasselot - et de son maître, et voisin de Vasselot. Me dit que même vide, cette boutique a quelque chose... Black s'ennuie, dans la pièce du fond. Je lui dis : "Allez Black, viens, on tourne en rond dans cette boutique...".
Stéphane, de la Cité d'Ys : "Christèle, dis donc, t'avais pas un aspirateur ?...Il était resté près de ta voiture, les flics l'ont ramassé..." Evidemment, un aspirateur à l'entrée de Vasselot, ça fait désordre. Il a trouvé refuge dans l'atelier des MM.
Acheteurs, artisan des acheteurs. Intrusion. Et ça se met à sentir la peinture, comme au début.
Embarquement de bocal de poissons. Transhumance.
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