Qui est Darnish ? Un méticuleux. Sans doute. Un collectionneur. Aussi. Un tranquille. Sûrement. Un poète. Evidemment. Un  discret. Certainement. Ou rien de tout cela, mais c'est sans importance.

Une fois est coutume, l'Antre-Temps renferme des oeuvres troublantes. Subjectivement troublantes. Difficile de préciser ce qui saisit réellement. Je m'attendais à tout, je ne m'attendais à rien, comme chaque fois que je franchis ce seuil. Il faut s'y rendre dans une disponibilité d'esprit totale, être vierge de tous préjugés. Aux palpitants sensibles, la promesse de belles sarabandes.

Ce fut le cas mardi dernier. Les oeuvres de Darnish ont fait effet, s'imprégnant d'un coup. Peut-être la construction. L'histoire qui va avec. L'histoire accolée. Les bribes. Morceaux ajustés. La formation d'un édifice léger. Les choses que l'on voit d'emblée et celles qu'il faut trouver. Celles qui échappent. L'oeuvre qui ne s'impose pas, l'oeuvre sans ostentationn sans suffisance.  Juste pour la poésie.

> L'Antre-Temps, Des collages Eminents - Jusqu'au 5 mars - 45 rue de la Parcheminerie, Rennes

A l'Antre-Temps, Constance Villeroy accueille deux designers, Anouchka Potdevin et Julien Vidam.

Nous connaissons bien la première et nous la savons capable du meilleur, voire plus. Je dis que c'est du travail de haute volée, du solide, du lourd. La dernière fois qu'on l'a vue dans le quartier, c'était en octobre 2009, un an déjà : dans la petite Galerie de l'Escalier, elle avait fait mouche avec ses bijoux à 2 francs. Tandis qu'au-dessus, Endo finissait son histoire d'Endo. Depuis, l'eau a coulé sous les ponts, notamment ceux de notre village.  L'atelier a vu une Anouchka déterminée, obstinée, créative sans modération. Ses réalisations ont été repérées, elles ont fait leur chemin, elles ont trouvé leur place dans des lieux à leur hauteur.

A l'Antre-Temps, la sélection est pointue. La banquette réalisée en collaboration avec Mickaël Laurent suscite un vif intérêt, la coiffeuse Vassal impressionne, le chevet à motifs ravit, les vases formica font effet et les luminaires acier/rotin montrent un travail soigné et exigeant. Du lourd.

> A l'Antre-Temps, 35 rue de la Parcheminerie, Rennes, jusqu'au samedi 4 décembre.

Fonzyshop ou comment élargir l'horizon rennais. Allons voir ailleurs, on n'y est pas, mais d'autres y sont. Vive la diversité et la bigarrure ! Merci mesdames. 

Donc : un 4 septembre idéal, sur fond de manif citoyenne. Personnellement, j'opine.

Les invités de cette party progressent dans un univers coloré, décalé et frondeur. C'est de la joyeuse création dédiée à la rentrée. Voilà qui a le don de nous mettre en train.

>> Fonzyshop - Samedi 4 + Dimanche 5 septembre, 11h/20h, 1bis rue de la Barbotière, Rennes. 

Laurence Marie - Toile monochrome

Comme prescrit par ce blog himself, nous avons consacré une parenthèse à la Passerelle, au Bout du Pont, pays de la Gacilly. Bien nous en a pris.

Dédiée à l'art contemporain, la Passerelle trame forcément avec l'artisanat, à un point qui la flatte. Les métiers d'art sont des joyaux et donnent à nouveau, depuis quelques années, le meilleur d'eux-mêmes, comme s'il y avait urgence à s'élever ou à sublimer. Des lieux sont apparus, individuels ou collectifs, atypiques ou institutionnels, disposés à montrer le beau, servi par un savoir-faire et inscrit dans une réelle modernité. Quelque chose se passe.

Ainsi l'art textile peut-il se montrer profondément contemporain et vraiment esthétique. C'est ce que semble vouloir dire la première exposition de la Passerelle. Les artistes - des femmes - développent chacune une technique singulière autour du fil et de la fibre. Nous avons tout à découvrir. Par exemple...  Aurélie Mathigot brode sur photographie numérique imprimée sur toile et révèle des parties de l'image, sur lesquelles nous nous attardons. Simone Pheulpin  assemble des bandes de coton des Vosges, les serre les unes contre les autres et donne forme à des éléments naturels. Muriel Crochet est très librement entomologiste et montre des chemins empruntés par des papillons de fibres colorées.

Il faut donc y aller. L'espace est calme, l'approche est simple et sensible. 

Au rez-de-chaussée, la boutique prolonge la visite et propose une sélection d'objets d'artisans créateurs. On y croise des connues - des femmes : la Malle d'Adèle, Deux Filles en Fil, les Bijoux d'Odette, Marie Rébérat ou encore Bizou Pointu. 

L'ensemble a le privilège d'être porté par une communication visuelle signée le Jardin Graphique, qui a, comme de coutume, donné également le meilleur de lui-même !

Et zou, un préjugé ratiboisé. Ah, nous étions circonspects et nous avions, sur la laine cardée, un avis réservé, n'ayant, dans ce domaine, jamais assisté à de petits miracles esthétiques, au-delà du loisir créatif.

Sur le Petit Bazar du Canal, Carole Geinguené a ébranlé nos affreuses convictions.  

Sa collection de poupées Paulette a procuré de belles secousses chez plus d'un visiteur. Touchant là où nous plaçons nos souvenirs et nos rêves, chaque poupée au corps finement sculpté a suscité commentaires, des on dirait que..., des elle ressemble à..., des elle me fait penser à..., quelques silences aussi. Indy Rose, Tokyo Coquelicot, Orage, Nuage, chaque personnage est unique, façonné pendant deux jours entiers, porteur d'une histoire qui ne demande qu'à se prolonger. Il s'agit de poésie, et davantage. Nous pourrions pérorer, à foison. Inutile. Sur son blog, Carole a écrit un préambule fort et remarquable, livrant l'intimité de son travail si plasticien, si singulier.

            Crédit photos: Adèle Petit Reporter

Jubilation day !!!

L'atelier Velvet etc est en ligne, assorti d'un .com, universellement accessible, d'où que l'on soit, qui que l'on soit. Un site comme s'il avait fait ça toute sa vie et comme s'il avait toujours été là et comme on sait qu'avant il n'était pas là, c'est tout bonnement impeccable.

Remarquez les bouilles à croquer d'Adèle et Zacharie, voyez comme ils respirent l'enfance, pas précieuse, pas triste, pas ennuyeuse. Cela me réjouit, moi que les images lisses de bambins bienséants afflige. Comme mon coeur alors se serre pour ces petits que l'on fige.

Ah, comme ils ne boudent pas leur plaisir, les petits du canal ! Qu'il serait bon d'avoir leur âge et de filer avec eux. Tournons le dos, et hop, un secret dans le creux de l'oreille - on dirait qu'on emprunterait le scooter du copain de mon père pour aller au cinéma, tu voudrais ?  - et quelques petites bêtises qui ne mangent pas pain, dont le niveau de poésie serait acceptable, aux yeux des adultes. 

Autour de la créatrice Servane Joucla, les chevilles ouvrières - Mikaël Helleux et Fred Gransard - ont réalisé une composition simple, élégante et fluide, fidèle à l'esprit Velvet etc. Tandis que les créations ont la place qui leur convient, cet album photos a aussi le mérite de donner une idée précise de la densité du travail réalisé dans l'atelier. Les heures n'y sont pas comptées, l'effort est constant, l'envie d'inventer permanente. 

C'était important de parvenir à réunir tout cela, ici. Internet fait parfois perdre le fil, c'est un risque. Il faut y consacrer du temps, réfléchir longuement, essayer, recommencer, faire et défaire et refaire. Un ouvrage de couturière. Jusqu'à ce que la pièce, achevée, soit au poil.

" So come on and let's go... "